À propos de l’auteur : Philippe Siwinski est ingénieur pédagogique indépendant depuis 2010, ce qui concrétise sa passion pour la formation et les outils numériques. Philippe est polyvalent et contribue au bon déroulement de projets de formation numérique pour des publics et des besoins variés.
Deux constats m’ont poussé à écrire cet article.
- Un trop grand nombre de projets d’envergure (des séries de plus de 20 modules similaires) manquent de méthodologie pour garantir un niveau satisfaisant d’homogénéité.
- Côté client, de nombreux chargés de projet se préoccupent malheureusement davantage d’avoir des modules visuellement identiques que de réellement faciliter l’apprentissage. « La largeur du rectangle vert dans ce module n’est pas identique à la largeur du rectangle vert dans le module développé il y a 8 mois. On dirait qu’il y a un pixel de trop… »
En attendant de pouvoir davantage former ces acteurs clés à ajouter une réelle valeur pour l’apprenant, facilitons-nous la vie pour répondre à ce besoin d’homogénéité en créant des templates.
Qu’est-ce qu’un template ?
Un template n’est rien d’autre qu’un module e-learning préparé pour être réutilisé comme modèle.
Un template contient donc les mêmes éléments qu’un module :
- les dimensions du module (ex : 720 x 540 px)
- une palette de couleurs
- les polices d’écriture à utiliser
- les diapos
- les masques de diapositives et de retours (calques de bonne et mauvaise réponse)
- la position et la taille exacte des éléments
- le lecteur personnalisé ou pas (la navigation)
- etc.
Les outils auteur, comme Storyline par exemple, permettent généralement :
- d’importer dans un module, une ou plusieurs diapositives à partir d’un template ;
- de créer un nouveau module à partir d’un template.
Est-ce que j’ai vraiment besoin d’un template ?
Si vous créez plusieurs modules qui partagent le même aspect visuel, alors la réponse est oui. Et vous devriez vraiment commencer par le template de base qui permet de créer les nouveaux modules d’une même série.
Qu’on travaille seul ou à plusieurs, utiliser ce template de base permet :
- d’éviter de devoir recréer la même structure et les écrans types à chaque nouveau module ;
- d’assurer un bon niveau d’homogénéité entre des modules (mêmes écrans types, mêmes couleurs, même mise en page, navigation uniforme, position et taille des éléments similaires).
C’est quoi au juste ce « template de base » ?
Dans son article des 5 astuces pour gagner du temps dans la création de modules, Allison nous explique qu’un template de base contient « une structure de module basique comprenant des emplacements pour les objectifs pédagogiques, le corps du module et l’évaluation ». Je rajouterais que ce fichier centralise les décisions de conception et d’intégration les plus importantes pour tous les modules d’une même série. Par exemple, la position des titres, couleurs et taille de police d’écriture, le fonctionnement du lecteur personnalisé, les déclencheurs indispensables, etc.
Il est courant de différencier les différents types de templates selon l’usage qu’on en fait. Par exemple, dans son article sur comment concevoir plus efficacement, Louis nous suggère d’utiliser un template d’activités (template qui ne contient que les activités interactives issues des modules existants).
Aujourd’hui, je ne vous parle que du template de base parce qu’il me paraît être le plus important.
On ne peut pas juste copier-coller des modules existants ?
On peut… mais il ne faut pas.
Une pratique plus courante qu’elle ne devrait l’être consiste à systématiquement copier-coller un module existant pour en créer un nouveau de la même série.
Le problème avec cette pratique est qu’on se retrouve avec un nouveau module qui contient plus de choses que nécessaire : formes, variables, déclencheurs, calques, effets d’animations, etc. Cela peut créer des dysfonctionnements car il est malheureusement trop facile d’oublier de retirer tous les éléments en trop.
Dans l’exemple ci-dessous, l’intégrateur a copié-collé un module existant. Il a oublié d’adapter le menu de l’ancien module au nouveau, qui ne contient pas de troisième chapitre. On se retrouve avec un menu qui fait apparaître un chapitre 3 alors que le nouveau module n’a que deux chapitres.
En utilisant un template de base, on aurait probablement évité d’inclure un menu type si celui-ci est amené à changer dans chaque nouveau module. On aurait plutôt préparé le template de manière à gagner du temps tout en réduisant le risque d’erreurs (comme par exemple plusieurs mises en page, un menu modulable, plusieurs diapos de menu, etc.).
De plus, avec la pratique du copier-coller, on se retrouve à transmettre d’éventuelles erreurs de conception ou d’intégration d’un module à un autre.
Dans l’exemple ci-dessous, l’écran de gauche est tiré du tout premier module d’une longue série, réalisé par un intégrateur expérimenté. Celui de droite est un module réalisé par un intégrateur débutant. Ces différences (marge gauche du titre, taille de police, position des boutons), a priori mineures, auront de lourdes conséquences sur le projet si ces deux modules sont copiés collés pour en créer de nouveaux.
Harmoniser les modules après coup prend beaucoup plus de temps car il faut ouvrir chaque module, chercher les différences, les corriger, les publier puis les remplacer sur la plateforme LMS qui les accueille. Même avec un template, il faut ensuite l’appliquer à tous les modules existants puis ajuster les éléments manuellement sur chaque diapositive.
Quand je rejoins en cours de route un projet d’envergure qui n’a pas encore ce type de template, je propose d’en créer un dès que possible. Il y a souvent déjà beaucoup de problèmes d’homogénéité. Mais même dans ces cas-là, faire un template de base fait gagner beaucoup de temps à la création de nouveaux modules.
Le mot de la fin
Parlons peu mais parlons bien. En investissant un peu de temps au début du projet, vous en gagnerez plus tard. On n’a pas toujours envie de le faire mais créer systématiquement un template de base garantira la constance visuelle de vos projets e-learning.
Pas besoin d’être un expert pour créer ce template. Commencez par inclure le minimum vital (écran de titre, écran d’objectifs, écran de quiz…) puis vous vous rendrez vite compte de ce que vous pouvez y rajouter pour gagner encore plus de temps et développer une série de modules homogènes.
Une question, un doute ou une remarque ? N’hésitez surtout pas à en parler avec d’autres utilisateurs : au bureau, lors de rencontres e-learning, sur les forums Articulate (en anglais) ou en commentaire de cet article.