Si vous êtes formateur ou concepteur e-learning, vous avez sans doute entendu parler du modèle ADDIE, l’approche de conception pédagogique de référence depuis plus de 30 ans. Cet acronyme est formé par la première la lettre de chaque phase de la méthode : Analyse, Design (ou conception), Développement, Implémentation, et Évaluation.
Certains concepteurs pédagogiques peuvent avoir envie de sauter des étapes, et de passer directement à la production du module. Mais attention ! Chaque étape joue un rôle essentiel pour le succès du projet. Prenons le temps de regarder chacune des étapes dans le détail.
Analyse
Selon le modèle ADDIE, la première chose à faire dans tout projet e-learning est une analyse approfondie. Mais que faut-il analyser ? Voici les trois analyses principales que les concepteurs pédagogiques devraient mener avant tout.
Analyse des besoins : Cette analyse est à effectuer en premier car elle vous permet de déterminer si la formation est réellement nécessaire ou non. Elle vous aide à identifier les améliorations de performance que vous cherchez à obtenir et comment elles seront mesurées, ce qui est essentiel pour déterminer si la formation est réussie ou non. Pour en savoir plus, consultez cet article : Analyse des besoins : le e-learning est-il la solution ?
Analyse du public cible : Une fois que vous avez déterminé qu’une formation est bien requise, vous devez analyser votre public cible. Connaître vos apprenants (âge, niveau d’étude, connaissances préalables, etc.) vous permettra d’identifier ce qu’ils doivent apprendre et comment structurer la formation pour qu’ils y arrivent. Cet article vous en dira plus : Comment analyser le public cible ?
Analyse des tâches : Vous avez bien défini le sujet et vous connaissez vos apprenants, maintenant il faut regarder de plus près les processus et/ou les tâches que vos apprenants doivent apprendre à faire, et les décomposer, étape par étape. Cela paraît facile, mais en décomposant une tâche, on se rend compte parfois qu’il y a beaucoup plus d’étapes que ce que l’on pensait. Par exemple, pour envoyer un e-mail, il faut ouvrir sa messagerie, cliquer sur « nouveau message », sélectionner l’adresse du destinataire, saisir le texte de l’e-mail, etc. Faire ce travail en amont vous aidera à mieux expliquer à l’apprenant ce qu’il doit faire.
À l’issue de ces trois analyses, vous aurez une meilleure idée du qui, du quoi, du comment et du pourquoi de votre projet e-learning. Le mieux, c’est de noter tous ces éléments dans un document, pour pouvoir les consulter tout au long du projet. Pour plus de conseils sur les autres éléments à inclure dans ce plan du projet, consultez cet article : Gérez l’avant-projet comme un pro.
Design (conception)
Ça y est, vous avez terminé la phase d’analyse, c’est l’heure de commencer à produire le module, non ? Pas tout à fait ! N’oubliez pas la phase de conception (appelé ici design, pour coller à l’acronyme anglais). Ce serait comme si vous commenciez à construire une maison sans faire de plan. Il vaut mieux commencer par imaginer la structure du module et comment les différents éléments (textes, images, vidéos, voix-off, etc.) s’articuleront. En fonction du projet, la phase de conception donnera lieu à un storyboard et/ou à un prototype. Regardons un peu plus dans le détail ces deux livrables.
Storyboard : C’est le document qui décrit tout ce qu’il y aura dans le module (diapositives, textes, images, vidéos, etc.). En fonction du projet, vous y mettrez plus ou moins de choses. Par exemple, si votre module contient de la voix-off, il faudra y inclure le script. Si vous travaillez avec un intégrateur pour produire le module, vous lui indiquerez des consignes précises pour le montage des écrans (ordre d’apparition des objets, fonctionnement des interactions, etc.). Consultez cet article pour plus de détails (et pour télécharger 2 templates gratuits !) : 11 astuces pour réussir la phase de storyboarding de votre projet e-learning.
Prototype : C’est une première version ou un extrait du module qui est créé pour tester son fonctionnement (ergonomie, intégration dans le LMS, etc.) et pour permettre au client de mieux visualiser le projet. Faire un prototype vous évitera de rencontrer des problèmes techniques plus tard dans le processus de développement, quand les modifications auront des implications plus lourdes. Cela permet également au client de vous faire des retours sur les aspects visuels et ergonomiques que vous pourrez implémenter plus facilement à cette étape du projet.
Tout cela vous paraît toujours un peu flou ? Consultez cet article : La différence entre un storyboard et un prototype en e-learning.
Une fois que vous avez validé le storyboard ou le prototype de votre module, vous êtes prêt à passer à l’étape suivante : le développement.
Développement
Ça y est, vous pouvez (enfin !) commencer la phase de développement. Elle se divise en deux parties : le montage des écrans et le contrôle qualité.
Montage des écrans : La phase de montage est le moment de transformer votre storyboard (ou prototype) en module e-learning. Cela consiste à :
- ajouter les éléments multimédias (visuels, audios, vidéos, etc.) ;
- faire la mise en page (couleurs, polices, emplacement des éléments, etc.) ;
- créer les activités pédagogiques (exercices, quiz et autres interactions) ;
- à mettre en place la navigation (boutons, embranchements, etc.).
Contrôle qualité : Une fois le module monté, vous devez procéder à un contrôle qualité. Lors de la relecture, pensez à vérifier les éléments suivants :
- La cohérence entre les objectifs pédagogiques et le contenu : le contenu permet-il vraiment aux apprenants d’atteindre les objectifs ? Y a-t-il des informations superflues ?
- L’enchaînement des écrans : le module suit-il un ordre logique ? Les transitions sont-elles assez fluides ?
- La navigation : est-il facile de savoir comment avancer dans le module ?
- L’orthographe et la grammaire sont-elle irréprochables ?
- Etc.
Pour une liste plus complète, consultez cet article : Checklist pour bien relire les modules e-learning.
C’est toujours une bonne idée de faire relire votre module par quelqu’un d’extérieur au projet, qui relèvera sans doute des choses que vous ne voyez pas car vous êtes trop impliqué dans le projet.
À l’issue de cette phase, vous aurez la version finale du module.
Implémentation
Une fois le module monté et le contrôle qualité effectué, c’est l’heure de le partager avec vos apprenants. Il existe deux principaux moyens de diffusion d’un module e-learning : sur le web (via un site intranet ou internet) ou via un LMS (une plateforme de formation en ligne). Comment décider quelle option convient le mieux à votre projet ? Tout dépend si vous avez besoin de faire un suivi des apprenants ou non.
Web : Si vous n’avez pas besoin de faire un suivi des apprenants, vous pouvez mettre votre module en ligne et donnez le lien à vos apprenants. Par contre, dans ce cas, vous ne saurez pas qui a suivi le module, s’ils l’ont suivi en entier, combien de temps ils y ont passé, ou quel score ils ont obtenu. Pour plus d’informations, consultez cet article : comment mettre en ligne votre module e-learning.
LMS : Si vous avez besoin de faire un suivi des apprenants, il vous faut partager votre contenu via un LMS. Chaque LMS propose différentes fonctions, mais ils ont tous un certain nombre de fonctionnalités de suivi basiques, par exemple vous permettre de savoir si un apprenant est allé jusqu’au bout du module et combien de temps il a mis pour y arriver. Si vous souhaitez en savoir plus, consultez les ressources de cet article : Tout ce que vous devez savoir sur les LMS.
Évaluation
Une fois arrivé à la phase d’évaluation, vous devez ressortir les analyses que vous avez faites en début de projet. C’est l’heure de vérité : la formation a-t-elle permis les améliorations de performance pour lesquelles elle a été créée ? Pour répondre à cette question, il faut comparer la performance des apprenants après avoir suivi le module avec leur performance avant de suivre le module. Pour plus de détails sur la manière d’évaluer le succès de votre module, consultez cet article : Mesurer l’efficacité de votre module e-learning avec les 4 niveaux d’évaluation de Kirkpatrick.
Le mot de la fin
Voilà, maintenant vous avez fait le tour des cinq phases du modèle ADDIE ! En suivant chaque étape, vous pouvez vous assurer d’obtenir un module de qualité qui répond aux besoins de votre organisation et de vos apprenants. Bien que ce soit le modèle de conception pédagogique le plus utilisé, il en existe d’autres. Voici deux autres modèles qui méritent d’être explorés :
- SAM : une approche de conception e-learning plus agile que le modèle ADDIE
- Le modèle PAF : Présentation / Application / Feedback
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