Je discutais récemment avec une conceptrice e-learning de sa lutte quotidienne avec son responsable qui ne la laisse pas faire autre chose que des modules e-learning tourne-page. Elle me résumait son souci comme ceci :
« Je travaille dans un environnement hautement réglementé et avec des employés ayant de grandes responsabilités. Nous concevons les modules de façon que tout le monde réussisse les quiz. Comment convaincre mon responsable de me laisser créer quelque chose de plus créatif et plus orienté vers la performance quand tout ce qui importe, c’est que les apprenants réussissent les quiz et qu’il est impensable qu’ils échouent ? »
Cette situation vous rappelle quelque chose ?
Quand il s’agit d’enseigner des sujets réellement axés sur la performance ‒ comme une technique de lavage des mains appropriée ou la manière d’accueillir des clients, par exemple ‒ obliger les apprenants à passer simplement un quiz n’est pas suffisant. Les apprenants ont besoin d’avoir la possibilité d’échouer. Pourquoi échouer ? Parce que l’échec est à la fois une partie inévitable et puissante du processus d’apprentissage.
Quand je parle « d’échec », il ne s’agit pas d’un échec négatif qui érode la confiance en soi ou qui empêche l’avancement d’une carrière. Je parle plutôt du genre d’échec qui donne la possibilité d’apprendre davantage et pose les bases de l’apprentissage.
Alors, comment parler à votre responsable des aspects positifs de l’échec lorsque vous travaillez dans un environnement qui considère que l’échec est fondamentalement mauvais ? Voici quelques pistes de réflexion.
Décrivez l’échec constructif comme un bon moyen de gérer le risque
Les gens hésitent souvent à prendre des risques parce qu’ils ont peur d’échouer. Mais c’est irréaliste de penser qu’on peut éviter tout risque. Et ce n’est même pas forcément souhaitable puisque si on ne prend jamais de risque, on risque justement de faire sur surplace.
Une approche plus viable consiste à gérer le risque ‒ chose à laquelle un module e-learning est parfaitement adapté. Comment ? Les modules e-learning axés sur la performance encouragent les apprenants à explorer et à prendre des risques dans un environnement prévisible où les conséquences de leurs prises de risques n’auront pas le même impact que dans leur travail quotidien. C’est donc un endroit sûr pour exercer ses compétences de façon plus privée et moins risquée, tout en ayant la possibilité de recevoir une aide positive grâce aux retours en contexte qui expliquent en direct ce qui a été bien fait et ce qui doit être amélioré.
Pour résumer, les modules e-learning qui comportent une part de risque « sans danger » donnent à votre entreprise un moyen intelligent d’aider les employés à identifier leurs points faibles et à les corriger en s’entraînant, avant que ces faiblesses ne se manifestent dans leur travail.
Présentez l’apprentissage comme un processus
Certaines structures ne s’intéressent à l’apprentissage qu’en tant que résultat, quelque chose que l’on peut contrôler et dont le but est uniquement la réussite aux évaluations finales. Mais lorsque quelqu’un réussit un quiz, il prouve seulement qu’il est capable de réussir un quiz et pas nécessairement qu’il est capable d’effectuer une tâche importante dans la vie réelle !
Si votre entreprise est obsédée par les scores obtenus aux tests, commencez par présenter l’apprentissage comme un processus dynamique rendu plus complexe par le fait qu’il est à la fois itératif et personnel. En d’autres termes, l’apprentissage et la progression ne se produisent que lorsque nous donnons aux gens un lieu pour pratiquer sans enjeu important. Et la pratique passe généralement par une tentative, un échec (potentiel), un retour, puis une nouvelle tentative.
Travaillez sur votre propre peur de l’échec
Personne ne se réjouit à l’idée d’échouer ‒ même s’il s’agit d’un échec constructif ‒ et les concepteurs e-learning n’échappe pas à la règle ! Mais pour réellement voir l’apprentissage comme un processus, vous devez affronter et surmonter votre propre peur de l’échec. Voici quelques astuces pour y arriver.
Définissez les attentes et fournissez des objectifs clairs et réalistes
Vous craignez que vos apprenants ne soient pas motivés pour suivre votre module ? Les gens sont plus engagés et motivés lorsque vous leur démontrez la pertinence de la formation. Montrez-leur dès le début pourquoi ce module est important pour eux. Expliquez-leur ce qu’ils vont apprendre et comment cette nouvelle connaissance ou compétence leur permettra d’être plus compétents. Présentez les objectifs d’une manière qui parle aux apprenants et assurez-vous qu’ils soient tous réalisables dans les limites techniques d’un module e-learning.
Rédigez des contenus précis, pertinents et percutants
Une peur courante chez les concepteurs e-learning est que les apprenants se désintéressent du module à cause d’un contenu ennuyeux. Mais ce n’est pas parce qu’un contenu est peu excitant que vous ne pouvez pas rendre votre module stimulant !
Pour commencer, efforcez-vous d’avoir un contenu toujours concis, pertinent et attirant. Transformez les diapos à lire en exercices interactifs. Pour amener des règles et des procédures peu engageantes, essayez de les intégrer dans des scénarios basés sur les conditions réelles de travail de vos apprenants.
Ayez confiance en vos apprenants
Notre propre peur de rater notre conception e-learning se manifeste par des modules avec la navigation verrouillée, un texte redondant (à la fois lu et écrit à l’écran), ou encore des quiz où il faut obtenir la note maximale pour les réussir. En réalité, on met parfois tout en place pour empêcher les apprenants de « tricher », de sauter les parties qu’ils maîtrisent parce qu’on veut s’assurer qu’ils obtiennent bien toutes les informations.
Pourquoi être si méfiant envers les apprenants ? Parfois, cela fait simplement partie de la culture d’entreprise, mais cela ne signifie pas que vous ne pouvez pas essayer de mener les choses dans une direction nouvelle où la confiance serait plus présente.
Quelques idées pour remettre les apprenants au centre de leur apprentissage :
1. Donner aux apprenants la possibilité de ne pas suivre certaines parties ou même de sauter un quiz s’il ne porte pas sur un sujet essentiel.
2. Supprimer les activités où les apprenants doivent simplement lire des infos pour les remplacer par des scénarios avec des problèmes à résoudre.
3. Si vous créez un module sur un sujet peu important et sans enjeu particulier, faites un module court et rapide à suivre pour montrer aux apprenants que vous respectez leur emploi du temps et leur intelligence.
Indiquez clairement quand l’exercice est noté et lorsque ce n’est qu’un entraînement.
Rien n’entame plus la confiance que l’impression de s’être fait avoir. Prenez le temps d’expliquer clairement quelles activités comptent pour le résultat final et quelles activités permettent simplement de s’entraîner.
Vous souhaitez aller plus loin ?
L’échec n’est véritablement un échec que lorsqu’il ne nous apprend rien et ne nous permet pas d’avancer. Si vous acceptez que les apprenants échouent lors d’un quiz pour mieux réussir dans leur travail, vous aurez déjà fait un grand pas. Et si vous concevez, en tant que concepteur, qu’un échec est parfois la meilleure solution pour s’améliorer, vous êtes sur la bonne voie !
Alors, pour continuer à avancer et à améliorer vos compétences, vous pouvez également lire les articles suivants :
- Comment améliorer vos compétences en e-learning
- 5 erreurs e-learning que vous pourriez commettre (et comment les éviter)
- Quelques conseils pour alléger les textes de vos modules e-learning
Et de votre côté, comment l’échec est-il considéré dans votre entreprise ? Comment vous y prenez-vous pour le présenter de façon positive ? Je suis très curieuse d’avoir vos retours sur ce sujet épineux ! La zone des commentaires est à vous…
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